L’IA générative est-elle déjà en train de s’effondrer ? Enquête sur un modèle économique sans sortie de secours

Les levées de fonds record masquent une réalité beaucoup moins brillante : absence de rentabilité, dépendance extrême à quelques acteurs, et investissements massifs dans des infrastructures dont la valeur à long terme reste incertaine.

Des milliards qui s’évaporent

En l’espace de deux mois, OpenAI aurait levé près de 18,3 milliards de dollars supplémentaires, après une précédente injection de 10 milliards par SoftBank et plusieurs fonds. Officiellement : construire des data centers et financer la puissance de calcul. Officieusement : combler une trésorerie qui brûle à une vitesse inédite.

Anthropic suit la même trajectoire : revenus en forte hausse sur le papier, mais tirés par des contrats massifs auprès de quelques clients, dont Cursor, qui pourraient fragiliser toute la chaîne si l’un d’eux s’effondre.

Cursor, le maillon faible

Cursor, éditeur d’un environnement de développement assisté par IA, représentait l’un des plus gros clients d’Anthropic. La hausse brutale des tarifs d’accès aux modèles a forcé l’entreprise à réduire les capacités offertes à ses abonnés et à passer à un tarif de 200 $/mois, rendant le produit moins attractif.
Ce cercle vicieux illustre un problème central : les start-up construites sur les modèles d’OpenAI ou d’Anthropic n’ont aucun contrôle sur leurs coûts et peuvent voir leur modèle économique s’effondrer du jour au lendemain.

Un marché des acquisitions quasi inexistant

Malgré des valorisations qui se chiffrent en dizaines de milliards, les rachats d’entreprises IA sont rarissimes et souvent maquillés en accords de licence ou en « acqui-hires » (rachat d’équipes plus que de produits).

La réalité est simple : aucun acheteur ne veut assumer le coût, la dette et l’absence de rentabilité de ces structures. Sans acquisitions ni entrées en Bourse, il reste uniquement la fuite en avant du capital-risque.

Les data centers, moteur artificiel de l’économie US

Les dépenses liées à l’IA représenteraient déjà 1,2 % du PIB américain, tirées quasi exclusivement par Microsoft, Google, Amazon et Meta. Cette « IA capex » alimente la croissance… mais sur des bases fragiles :

  • Les centres sont coûteux, à durée de vie limitée et nécessitent un renouvellement constant du matériel.
  • La rentabilité réelle des services IA qui les exploitent est quasi nulle.
  • Les acteurs privés du secteur (CoreWeave, Crusoe…) s’endettent massivement sans garantie de retour sur investissement.

Une dépendance dangereuse à quatre entreprises

Si l’IA capex ralentit — parce que les besoins en data centers atteignent un plafond ou que la rentabilité n’est pas au rendez-vous —, c’est toute la chaîne qui vacille : ventes de GPU Nvidia, croissance économique américaine, valorisations boursières.

La situation rappelle la bulle immobilière : actifs surévalués, financés par de la dette, et sans acheteur de repli.

Et après ?

Trois issues sont possibles pour les géants de l’IA :

  1. Se faire racheter — improbable vu les valorisations.
  2. Entrer en Bourse — risqué, car cela impliquerait de révéler des pertes colossales.
  3. Devenir rentables — objectif encore hors de portée après trois ans d’existence pour la plupart.

Si aucune de ces portes ne s’ouvre, la bulle pourrait éclater, laissant derrière elle des milliards investis dans des infrastructures sous-utilisées et un choc pour l’économie numérique.

Source : wheresyoured.at